Guérir ses blessures intérieures


Un chemin vers l’unité...

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La Guérison des blessures intérieures. Daniel Maurin
Est-ce inhérent à la nature humaine de vaciller en permanence entre sérénité et inquiétude ? Quelle est donc la source de ce mécanisme qui nous éloigne de notre paix intérieure ? Daniel Maurin, mystique et thérapeute du XXe siècle, a développé une méthode «la Guérison des Blessures Intérieures (GBI)», qui exprime l’idée d’union, de changement, de transformation pour atteindre un état d’être harmonieux.
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"Guérir ses blessures intérieures afin de changer sa Vie"

 

"Sur le chemin spirituel, il ne faut rien rechercher qui serait extraordinaire.

L'extraordinaire est dans la profondeur de l'ordinaire"   K.G. Durkheim

 

Changer sa vie est à la mode, et s’entend souvent sous une forme extérieure plutôt spectaculaire : abandonner son métier pour réaliser tout autre chose, divorcer afin de prendre un nouveau départ avec un autre compagnon ou une autre compagne, partir au bout du monde, se bâtir un nouvel avenir. Cependant, de même que partir à des milliers de kilomètres suite à des difficultés relationnelles ne résout rien, ces problèmes ayant l’art de se glisser dans nos bagages, un changement de forme d’existence ne suffit pas à provoquer ou à révéler un véritable changement de vie.

 

Pour qu’un changement s’opère en profondeur et jaillisse du plus profond de notre être, deux conditions nous apparaissent nécessaires : guérir ses plus grandes blessures intérieures et entretenir un silence fertile.

 

Daniel Maurin, grand mystique et thérapeute du 20ème siècle (1), animait des stages spirituels. Il constata que de nombreux stagiaires, malgré des années de méditation, de prière, de thérapies, véhiculaient encore une grande souffrance, alors que leur pratique aurait dû les rendre «zen», apaisés, joyeux. Interpellé, il se laissa inspirer afin de trouver de nouvelles voies de guérison qui leur permettraient de traverser cette souffrance et accéder à ces paisibles vallées intérieures «où coulent le lait et le miel». Au fil du temps, il développa les différents outils de la Guérison des Blessures Intérieures (GBI).

 

Les blessures intérieures sont des traumatismes plus ou moins anciens inscrits au tréfonds de notre être. Ces blessures prennent souvent racine durant l’enfance, par manque d’amour, de reconnaissance, de sécurité affective, voire suite à des maltraitances physiques ou psychologiques. Ces blessures peuvent aussi se former plus tard, au cours de la vie. Deuil, séparation, chômage, maladie, crise existentielle…. engendrent des émotions et des traumatismes. Il est nécessaire de les reconnaître et de s’en libérer, sans quoi ils s’inscrivent dans notre mémoire cellulaire, nous emmenant à notre insu à reproduire sans cesse les mêmes schémas, les mêmes pensées et attitudes.

Parmi les différents outils de la GBI , tels le transfert symbolique, le soin spirituel ou la reprogrammation cellulaire (2) , la transformation du regard correspond bien au thème du changement de vie. En effet, pour bien voyager, il n’est pas nécessaire de changer de paysage, il suffit de transformer son regard. Lorsque les «écailles nous tombent des yeux», que les nuages qui obstruent notre vision s’évaporent, nous accédons à une vision profonde, paisible, exempte des tourbillons émotionnels. Comme cette femme après un solide travail en GBI qui s’exprime ainsi : «Je redécouvre mon mari. Sortie du schéma relationnel, dégagée des attentes issues des blessures, je peux le voir tel qu’il est et apprécier ses qualités».

 

Nous avons tout avantage à aller explorer ces blessures, à nous plonger dans notre ombre, à affronter nos peurs. Comme le dit frère Antoine de Roquebrune, "toutes les peurs sont comme des guignols : si on les déshabille, on y découvre notre propre main."(3) . Ainsi non seulement nous nous délivrons de nos angoisses, mais nous retrouvons l'accès à des sources d'énergie insoupçonnées.

 

L’exemple suivant l’illustre bien : une personne mariée, parente de plusieurs enfants, était confrontée à un choix difficile : quitter un métier sûr et bien payé pour se lancer dans une activité artistique beaucoup plus aléatoire. Le risque ne semblait pas démesuré, son conjoint ayant un bon travail. La résistance était donc surtout intérieure. Lors d’une séance de GBI, cette personne visualisa sa difficulté à se décider comme un gros rocher arrondi et menaçant au bord d’un sentier. Il n’avait absolument pas le droit de le dépasser pour aller plus avant sur sa voie. Il lui fut demandé d’avancer de quelques pas sans quitter de vue le rocher. Cela suffit à lui faire changer l’angle de vue sur le rocher qui se révéla alors être le dos d’un éléphant. Il finit par monter sur ce dos, l’éléphant se leva, sortit du trou où il était partiellement enterré, et l’emmena avec puissance à travers la jungle, renversant tous les obstacles, faisant fuir les fauve, jusqu’à parvenir dans un village paradisiaque. Là, le chef plein de sagesse lui donna des conseils très éclairés pour qu’il puisse prendre sa décision.

On remarque que ce qui constituait un interdit infranchissable, une source d’angoisse paralysante, devient par la grâce du changement de regard, un puissant et énergique outil d’évolution et de sagesse.

 

Une fois les blessures guéries, nos cris de souffrance s'apaisent. Naît alors le silence profond. Ce silence est comme un champ nu et fertile avant l’ensemencement, comme la nuit calme avant l’aurore. C'est le vide qui crée l'appel d'air, la vacance qui laisse parler la voix de l'Âme. Ainsi, délivré du bruit de fond incessant de notre ego, de notre mental, libéré des "moi je", des "et moi!", nous sommes comme neufs, comme le petit enfant, vierges, réceptacles de tous les possibles.

Accéder à ce silence exige que nous cultivions un état de réceptivité. Plusieurs moyens nous sont offerts : lecture de livres des Maîtres, méditation, prière, contemplation, oraison, immersion dans la nature. Comme pour tout sportif, il est bon d'avoir une pratique régulière, et donc de se fixer des temps d'entraînements chaque jour, de les faire figurer en tête de notre agenda. Ainsi la relation avec notre Âme s’installe de manière simple et belle; la paix, la joie et l'amour qui en découlent, s'inscrivent en nous, chaque jour un peu plus profondément, y compris dans notre corps. Et comme le footballeur qui reçoit un bon ballon devant le but retrouve automatiquement le geste entraîné des centaines de fois pour marquer le but décisif, nous pourrons nous aussi dans les moments-clés, mêmes stressés par le contexte ou l'enjeu, retrouver sans réfléchir ce silence intérieur d'où jaillira l'attitude juste.

 

La véritable transformation appelle un profond bouleversement intérieur qui nous met en contact avec la Source, la Sagesse en nous, avec cet Esprit qui nous guidera avec sûreté, et pourra nous révéler le sens de notre présence sur cette terre. Cette évolution, cette mutation peut prendre des formes très différentes selon les personnes et les circonstances. Les effets visibles dans notre vie quotidienne pourront s’avérer spectaculaires, ou se déployer de manière subtile et discrète. Par effet domino, il y a de fortes chances pour que notre transformation soit une source de changement aussi pour notre entourage. Mais du fait qu’il provient de bien au-delà de notre mental et de notre ego, il sera juste et n’engendrera pas de souffrances inutiles.

 

Puissions-nous tous nous transformer, retrouver l’accès à notre cœur profond et rayonner la paix et la joie lumineuses !

 

Christian Bender & Françoise Raso-Aeschimann

 

(1) Nous vous recommandons l'émission de la RTBF "Dites-moi" avec Daniel Maurin comme invité sur : http://fr.youtube.com Taper Daniel Maurin dans la recherche puis cliquer sur rechercher.

(2) "Guérir ses blessures intérieures", Daniel Maurin, éd. Jouvence

(3) "Une bouffée d'ermite ", Frère Antoine de Roquebrune, Ed. Pocket, 1992, p. 192

 

Article paru dans la revue Recto-Verseau de décembre 2010.